Telecharger Pascal Quignard Gratuit
Ce livre évoque la jeunesse de Marin Marais ( 1656-1728 ) auprès du maître Sainte-Colombe, compositeur et interprète virtuose de la viole de gambe. Entre les deux hommes, ce sont deux manières de vivre et de survivre la musique qui s'opposent. Si le premier connut la gloire auprès de Lully, les honneurs de la cour et de femmes, le second s'est toujours tenu à l'écart des honneurs et des places. Car pour Sainte-Colombe, la musique, l'oeuvre créatrice (mais pour autant qu'elle veut toucher à l'essentiel, à la mort, au sentiment de Dieu) ne peut jaillir que de la solitude, que d'une rupture avec les plaisirs et les contraintes sociales de son temps.
« Il poussa la porte qui donnait sur la balustrade et le jardin de derrière et il vit soudain l'ombre de sa femme morte qui se tenait à ses côtés. Ils marchèrent sur la pelouse. Il se prit de nouveau à pleurer doucement. Ils allèrent jusqu'à la barque. L'ombre de Madame de Sainte Colombe monta dans la barque blanche tandis qu'il en retenait le bord et la maintenait près de la rive. Elle avait retroussé sa robe pour poser le pied sur le plancher humide de la barque. Il se redressa. Les larmes glissaient sur ses joues. Il murmura : - Je ne sais comment dire : Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. »
"À Paris, Richelieu fit venir son luthiste et lui demanda d'interpréter la chaconne intitulée Le Dernier Royaume. Puis il joua les Ombres qui errent, pièce dont François Couperin reprit le thème principal sous le nom Ombres errantes dans son dernier livre pour clavecin."
Tel le claveciniste modelant sous ses doigts cet ailleurs sur lequel la société n'aurait pas de prises, Pascal Quignard nous propose un nouveau chant baroque en trois temps, que l'on peut lire dans l'ordre que l'on souhaite. Trois textes aux sujets transversaux et aux courts chapitres qui nous livrent de manière assez curieuse un Quignard interplanétaire. Un Ancien capable d'évoquer tout aussi bien la complainte du Jadis, brumeux et aquatique, bordant le temps comme l'être, que les bombes japonaises larguées sur Pearl Harbour. C'est que le Dernier royaume sous l'égide duquel se regroupent ces Ombres errantes, Sur le Jadis et Abîmes est toujours davantage grignoté par l'aura ombrée de ce qui fait obstacle à cette lumière ("phôs") où les Grecs enracinaient aussi le croître ("phuein"). Le propre de l'ombre réside il est vrai dans sa duplicité, parce que si c'est sous son aile que les premiers hommes se construisirent, si c'est elle que cherche encore en mourant le dernier roi des Romains, c'est aussi à l'ombre des tours que grandit le terrorisme, à l'ombre des regards que se monnaye au quotidien la dissolution de la conscience de soi. Malgré tout, Quignard, pénétré des sages chinois ou des brahmanes qu'il convoque, demeure optimiste. Moment du retrait, occasion du repli, l'ombre reste ce dont tout peut advenir, ce qui met en suspens le monde marchandise où l'image à tout crin et le bruit ont désormais recouvert ces voix du silence qui sont la vraie parole.
En Bretagne, près de Dinard, une femme d'une quarantaine d'années rencontre son ancien professeur de piano qui l'invite chez elle. Peu à peu, elle se réinstalle ainsi dans la ville de sa jeunesse, retrouve son premier amour, se rapproche de son frère et redécouvre les lieux autrefois familiers. Un jour, sa fille qu'elle n'avait pas revue depuis des années, revient soudain vers elle.
"Nous dépendons de nos lieux plus encore que de nos proches".
" Il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir. Lire c'est errer. La lecture est l'errance. "
Retiré dans la vaste propriété familiale, à Bergheim, dans le Wurtemberg, un musicien célèbre refuse tout à coup de se produire en concert et annule les cours qu'il donnait jusque-là à San-Francisco et à Paris. Il revoit son enfance, cet univers déchiré entre deux langues, composé de chats, d'enfants, de vieilles demoiselles d'un raffinement d'un autre âge. Il revoit sa mère qui l'a abandonné quand il avait quatre ans, ses quatre sœurs, les cinq ou six femmes qu'il a aimées. Il découvre ce qui fait le centre, peut-être, de sa vie : l'amitié qu'il a portée à Florent Seinecé, qu'il a connu à Saint-Germain-en-Laye, dans les années soixante.
Les années passent et les scènes de rupture sont autant de vieilles retrouvailles. La sensualité cotoie la haine, l'excitation, la détresse. Des maisons et des jardins divers et merveilleux se succèdent : en Normandie, sur les bords de la Méditerranée, sur les bords de la Loire, sur les rives de Jagst ou du Neckar. C'est tout un monde. C'est toute une vie. Des êtres qui s'étaient séparés dans la violence ou dans la tristesse, dix ans après, quinze ans après se retrouvent. Les souvenirs de ceux qui se retrouvent ne concordent qu'à peine. Un souvenir en cache un autre qui lui-même cache un rêve. Des êtres qu'on a aimés plus que tout au monde meurent, et curieusement leur nom évoque quelque chose. Ils ont laissé des traces comme vivantes, inopinées, hallucinantes dans la mémoire de ceux qui les aimaient. Ce sont des souvenirs qui tout à coup mettent le sang aux joues, des couleurs qui brusquement luisent, des sons, des visages et des noms qui font soudain sauter le cœur.
Latron est le seul penseur que la Rome ancienne ait produit. Alors que Lucrèce ou Sénèque devaient tout à la Grèce, Latron réfuta la pensée des Grecs. Il eut ce mot : "La réflexion rationnelle est peut-être ce que l'on a fait de plus sentimental." Il disait : "A la sagesse, je ne connais pas de remède." C'est de lui enfin qu'est la formule : "Nul n'est bon volontairement." Marcus portius Latron naquit à Cordoue en 696 de Rome (- 57 de notre ère). Enfant, il perdit la mémoire six jours durant. Il composa des arguments et des discours dont aucun n'a été conservé. Un coup de sabot d'une génisse avait failli le faire mourir, si bien qu'à quarante ans passés il devint étrange. Il prônait le voile sur le visage des femmes. il aimait plus que tout chasser à l'épieu. Exilé par Auguste en espagne, il se tua en - 4.
"Pourquoi les femmes ont-elles si peu composé de musique ? Les femmes naissent et meurent dans un soprano qui paraît indestructible. Leur voix est un règne. Les hommes perdent leur voix d'enfant. À treize ans, ils s'enrouent, chevrotent, bêlent. Les hommes sont ces êtres dont la voix casse - des espèces de chants à deux voix. On peut les définir, à partir de la puberté : humains qu'une voix a quittés comme une mue. En eux l'enfance, le non-langage, le chant des émotions premières, c'est la robe d'un serpent. Alors ou bien les hommes, comme ils tranchent les bourses testiculaires, tranchent la mue. C'est la voix à jamais infantile. Ce sont les castrats. Ou bien les hommes composent avec la voix perdue. On les appelle les compositeurs." Pascal Quignard.
Après le succès des deux premiers volumes près de 100 000 exemplaires chacun , voici le troisième opus de Sur les épaules de Darwin, par Jean Claude Ameisen, président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) et auteur de l'émission éponyme sur France Inter.
Avec Retrouver l'aube, Jean Claude Ameisen s'intéresse cette fois-ci à nos origines, à cette multitude de vestiges qui nous ramènent au fond des âges : Retrouver l'aube. Les mondes disparus qui nous ont donné naissance.
Des empreintes de pas d'il y a 800 000 ans qui apparaissent soudain, l'an dernier, sous une pluie battante. Une lignée humaine inconnue que révèle l'étude d'un minuscule fragment d'os trouvé dans une caverne. La musique du vent dans les monuments de pierre, et le chant des flûtes et des rhombes, il y a plus de 35 000 ans.
D'autres musiques qui viennent du fond des âges. Le chant de la baleine qui parcourt les océans. L'appel de la chauve-souris dans la nuit, dont l'écho dessine les contours du monde. Le chant qu'apprend l'oiseau avant de naître. Les origines du langage.
Notre naissance, dans la lumière chaude du matin. Quand la seule chose que nous savons de l'amour, chante Emily Dickinson, est que l'amour est la seule chose qui existe. Retrouver l'aube, partout, partout, partout, dit Pascal Quignard. Retrouver la lumière de l'aube, en nous et autour de nous. Et la redonner en partage.
Un voyage pour remonter le temps de notre commune humanité. Voilà ce qu est cet ouvrage foisonnant d'érudition qui appelle à mêler l'émotion et la raison, les arts et la science, à la découverte de la mystérieuse splendeur de l'univers qui nous entoure et nous a donné naissance. Monter sur les épaules des savants, des penseurs ou des poètes, pour voir plus loin ...